Utiliser et poster sur les réseaux sociaux quand on est illustratrice

Des fois sortir des réseaux sociaux, c'est comme prendre une grande inspiration après être resté trop longtemps sous l'eau.

Surfer sur les trends tendances de Tiktok ou encore d'instagram, faire du contenu régulièrement, se renouveler, mais surtout jouer des mots et des images pour attirer l'attention du spectateur et la garder. Pleins de facteurs et de travail invisible pour se frayer un chemin dans la vaste jungle qu'est les réseaux sociaux. Ces outils devenus presque indispensables pour tout professionnel et...aussi pour salarié à l'heure où tout se passe derrière un écran.

Alors, on essaie, on s'acharne à suivre un rythme effréné, un changement presque quotidien d'algorithme, de tendance pour se faire connaître et faire décoller sa petite entreprise qu'on aime d'amour. Même quand notre travail ou notre façon de faire n'est pas compatible avec cette jungle.

Je l'ai fait et je refuse de jouer encore ce jeu toxique qui ruine juste ma créativité et ma santé mentale.

D'une part le fabuleux outil que sont les réseaux sociaux

Il y a encore quelques années, les outils pour se faire connaître étaient limités que ce soit pour trouver un travail ou pour justement montrer aux autres l'existence de notre dur labeur. Il fallait se déplacer, aller en personne dans les entreprises, sur les marchés, faire des exposés et déposer par-ci par là nos CV ou nos cartes de visites. Maintenant en plus de ces méthodes physiques, heureusement encore efficaces, nous avons la possibilité de passer par des outils numériques qui sont très nombreux. Allant des sites centrés sur le monde du travail (ex :Linkedin) aux réseaux sociaux (ex : Facebook) en passant par les sites internet de divertissement comme Youtube ou Twitch.

Ces nouveaux supports sont littéralement à la portée de tout le monde, d'ailleurs on passe pour beaucoup pas mal de temps dessus voir des heures d'affilées sans s'en rendre compte. Il y en aura forcément un qui vous conviendra plus qu'un autre, même si dans le cadre du travail vous allez forcément en utiliser plusieurs dans l'optique d'être "partout à la fois”.

Parce que c'est tellement simple d'utilisation alors pourquoi ne pas maximiser ses chances de faire connaître son travail, son monde en les utilisant ? En soit, ce n'est pas faux. Effectivement, ça serait bête de ne pas profiter de ces nouveaux supports pour faire connaître son monde. Surtout quand on réalise que la majorité des personnes, y compris vous, recherchez des avis ou faites vos achats justement sur internet.

C'est devenu une habitude de consommation dans nos vies au point que même vos commerces de proximité l'ont très bien compris. Vous n'avez qu'à regarder, vous verrez sans doute une page facebook ou encore un compte tiktok de votre E.leclerc du coin ou même de votre mairie. Oui, même cette petite boutique de prêt à porter ou encore de bijoux est sans aucun doute présente sur internet par un moyen ou un autre.

Utiliser les réseaux sociaux, nous aide à toucher plus de monde et surtout à toucher une nouvelle cible plus connectée. Cette catégorie de personne aime les tendances aussi nommées : des trends éphémères comme celle consistant dans une entreprise à fuir la Community Manager qui veut faire des vidéos tiktok pour la marque.

Loin de moi espèce de sorcière infâme avec ton téléphone ! Laisse-moi travailler en paix, je ne veux pas faire le clown devant ta caméra !

D'ailleurs, ce phénomène a donné lieu à la naissance de ce nouveau métier, Community Manager. Celui de gérer les réseaux sociaux de l'entreprise pour augmenter la publicité, les vues, mais avant tout le trafic pouvant engendrer de l'argent via un site internet ou directement en physique dans les magasins.

On peut donc dire que les réseaux sociaux sont devenus un véritable tremplin pour booster visibilité et les ventes, notamment auprès des plus jeunes générations qui pour une grande partie sont bien plus sur les écrans que celles précédentes.

Ces outils permettent aussi quelque chose de précieux qu'on cherche nous-mêmes en tant que consommateur : les avis clients. Une chose que les réseaux sociaux apportent facilement et sans effort grâce aux commentaires sous un post instagram ou sur une vidéo tiktok. Que ce soit vous ou moi, on peut facilement se faire un avis sur une entreprise, une marque en lisant les commentaires des autres à tord ou à raison. Etant donné que naturellement, on se dit que plus il y a d'avis mieux c'est et inversement, on se méfie quand il y a zéro avis sous un produit, un post ou une vidéo.

Parce que dans notre esprit quantité peut être synonyme de qualité, mais avant tout de fiabilité quand ça concerne les avis. On aura tendance à avoir plus confiance en une entreprise qu'on entend souvent parler avec des centaines d'avis qu'à une autre avec peu de visibilité et de commentaires. Le plus bel exemple que je peux donner du résultat à double tranchant de ces outils, c'est le secteur artistique.

Que ce soient des auteurs ou encore des illustrateurs, illustratrices comme moi, on a du mal à se faire une place sur les réseaux, pourtant c'est d'autant plus important dans notre monde. Tout simplement parce que, l'art, notamment l'illustration, la peinture ou encore d'autres activités du genre, ne sont pas des consommables, mais de la décoration. Un produit dit de luxe, car ça à un coût. Alors, forcément, la visibilité que nous donne ces nouveaux supports est à la fois précieuse, mais peut aussi nous enfoncer. Par manque de visibilité et d'interaction de la part des utilisateurs. D'autant plus lorsqu'on vient de commencer : pas de visibilité, pas de ventes donc pas d'avis clients qui pourraient rassurer de futurs clients. Très vite, le moral peut flancher et on peut se trouver incompétent ou se dire que notre travail n'est pas assez bien.

On peut le comparer au serpent se mordant la queue.

Et au contraire quand cela fonctionne et que notre travail est récompensé par des likes, vues, partages et pourquoi pas des ventes, on se sent heureux et l'estime de soi augmente. On peut le faire !

Les réseaux sociaux sont donc des roses à la fois splendides et piquantes si on ne fait pas attention.

De l'autre part, une vraie course poursuite après les algorithmes

Les réseaux sociaux sont donc des outils super utiles et indispensables, c'est génial ! Il ne reste plus qu'à les utiliser à foison et ma petite entreprise, mon art, va rouler comme sur des roulettes ! C'est vrai, ils sont géniaux et ça peut potentiellement vous aider à faire évoluer votre aventure dans le monde du travail... dû moins en théorie. Une potentielle promesse, mais dans les petites lignes ce qu'on ne vous dit pas forcément c'est qu'il y a énormément de facteurs à prendre en compte. En plus de devoir fournir énormément de temps et de travail dessus.

Tout d'abord pour comprendre ces facteurs, il faut savoir quel est le but des réseaux sociaux. Pourquoi sont-ils gratuits et non payants ? Comment se rémunère l'entreprise ? Quels sont leurs buts ?

Effectivement, les réseaux sociaux sont gratuits, mais en contrepartie ce que vous leur 'vendez' c'est votre activité sur leur plateforme. En récoltant ces précieuses données que vous acceptez dès lors que vous finalisez votre compte, en acceptant les conditions d'utilisation (obligatoire sur tous les sites, le mien est ici) et si vous ne changez pas vos paramètres de confidentialité, ces plateformes les utilisent ainsi pour cibler ce qui apparaîtra dans votre fil d'actualité, y compris la publicité. D'autres en plus de la publicité, gagne aussi de l'argent sur le contenu de leurs utilisateurs qui gagnent un peu via leurs publications. Voici comment, mise à part certaines fonctionnalités qui peuvent être payantes (comme la certification d'Instagram ou de X), les réseaux sociaux se rémunèrent. Plus les utilisateurs passent du temps sur leurs réseaux sociaux, plus l'entreprise y gagne.

En ce qui concerne leur objectif, il est très simple, il s'agit donc de garder l'attention de leur public le plus longtemps possible sur le réseau et ça passe par différentes méthodes comme les vidéos courtes sur Tiktok, des images magnifiques sur Instagram ou encore des vidéos rythmées et variées sur Youtube (je suis moi-même friandes, par exemple des rediffusions de Yun0gaming quand je n'ai pas pu assister à l'un de ses lives, oui, petite pub pour une personne géniale).

Chaîne youtube : Yun0 Vod, Yun0gaming est une streameuse multigaming que vous pouvez retrouver sur Twitch

Et chaque plateforme met en avant divers contenus ayant du potentiel pour garder l'attention des utilisateurs. Malheureusement, ce sont souvent des choses problématiques : des drames, des malheurs, challenge dangereux, attitudes irrespectueuses, problématiques, conflits politique... parce que ces sujets produisent des réactions fortes et donc des vues, des commentaires, des partages, des likes, enfin toutes interactions possibles sur ses différents supports. D'où le fait qu'on peut retrouver des personnes jouant sur les émotions des spectateurs en appuyant toujours sur ses problèmes pour attirer l'empathie ou en faisant quelque chose d'irrépressible et qui va indigner.

C'est ce qu'on appelle le principe des algorithmes, mettre en avant les contenus qui ont le potentiel de faire réagir sur leurs plateformes et en dehors grâce aux partages. De plus, la régularité joue aussi un rôle très important dans la visibilité qu'aura vos futurs contenus. Effectivement, suivant les plateformes, ce facteur peut varier d'une publication quotidienne à plusieurs par semaines, mais de façon régulière. En l'étant vous montrez aux réseaux sociaux que vous passez du temps sur la plateforme et que vous y êtes actif, résultat... vous avez d'autant plus de chance d'être visible et mis en avant par ces dernières. Contrairement à quelqu'un qui va poster de temps en temps, forcément l'algorithme va privilégier ceux qui sont réguliers, mais aussi ceux qui ne partent pas juste après avoir posté et qui se connecte seulement pour poster sans consommer eux-mêmes.

Alors, si en plus vos publications ont sujet à faire réagir les internautes comme on a vu dans le paragraphe précédent, alors vous avez une bonne base. Du moins si c'est ce genre de sujets que vous voulez partager, bien sûr. Tout le monde n'aime pas parler drama ou être négatif tout le temps même si cela engendre des vues.

Toujours en rapport avec l'algorithme, un autre paramètre à prendre en compte au moment de la création de vos publications, il s'agit de la description. Là-aussi vous pouvez jouer dessus pour gratter en visibilité. Vous vous en doutez sûrement, mais ça sera différent d'une plateforme à l'autre : mots-clés, longues descriptions ou le contraire, hashtags ou non, musiques à utiliser...

Vous n'avez qu'à ouvrir par exemple instagram et aller sur un concours proposé par un influenceur. Et généralement pour participer à ces concours, il faut : suivre la ou les personnes, commenter en mentionnant un ou plusieurs amis, liker et partager. Pourquoi ? C'est en faisant ces diverses actions qu'on fait monter une publication dans l'algorithme et donc que le poste devient de plus en plus viral dans l'application des autres utilisateurs et donc naturellement plus vu.

D'où le fait que les drames fonctionnent plutôt bien parce que ça fait réagir que ce soit en bien ou en mal. Et puis, on ne va pas se mentir, on a tous déjà eu à un moment donné une petite curiosité pour les ragots, les drames...comme des petites chipies !

“Non, ce n'est pas vrai ! Tu mens. Naruto n'a pas pu rompre avec Sakura, c'était le couple parfait !”- commenta Orochimaru sur Tiktok sous la vidéo scandaleuse de Konohanews, scandalisé pensant à une fausse rumeur.

Ou, vous pouvez aussi remplacer ces personnages par n'importe quel prénom d'acteur, actrices, chanteuse, influenceurs, politiciens...etc. Il y a énormément d'articles, de posts ou vidéos parlant people et ça fait souvent énormément réagir.

Et enfin... l'un des facteurs majeurs et qu'on ne peut pas contrôler c'est celui de la chance. Exactement comme pour les streameurs ou les youtubeurs qui gagnent leurs vies ainsi aujourd'hui. Il s'agit du résultat d'un travail de longue haleine, mais aussi de chance. Ils étaient là au bon moment avec le bon sujet, la bonne façon de faire et sur la bonne plateforme. D'ailleurs c'est facilement vérifiable par le nombre d'influenceurs qui ont explosé durant le covid notamment sur Tiktok et qui maintenant vivent de ça ou du moins sont connus maintenant grâce à cette opportunité, cette chance. Sans oublier leur investissement, car si comme je l'ai expliqué plus tôt cela demande beaucoup de temps pour créer du contenu, la période du confinement était alors le moment idéal pour se lancer.

Que ce soit en sport, art, cuisine, chant, challenge, humour, actualité, ou encore la culture. Ces personnes devenues connus dans leurs domaines, qu'on aime ou pas, elles ont réussi en alliant tous ces facteurs et en ayant la chance comme cerise sur le gâteau.

Et finalement, que donne les réseaux sociaux et l'illustration ?

Entre devoir être régulière, les algorithmes, l'ia générative ou encore le nombre d'artistes (et ce n'est pas un reproche, c'est fantastique) présents dans le monde entier, difficile de s'y faire une place. Simple d'utilisation et pourtant si complexe. Il y a deux types d'illustrateurs, illustratrices... ceux qui dessinent vite et au contraire les escargots comme moi. Je peux mettre une journée comme un mois pour un dessin sans aucun doute parce que j'aime jongler d'un dessin à un autre pour changer d'univers.

Je le sens, je touche le problème du bout du doigt !

Malheureusement, il faut être présent régulièrement sur les réseaux pour satisfaire les algorithmes...alors les escargots artistes comme nous, on a donc un premier problème. Même problématique pour surfer sur les trends en vogues, le temps qu'on y travail et qu'on termine, ces effets de modes sont déjà passés.

Bien sûr, il existe beaucoup d'artistes rapides qui peuvent profiter de ces trends et tant mieux pour eux. Et pour nous par la même occasion, car c'est toujours un plaisir de pouvoir tomber sur ces créations voir comment chacun d'eux va approcher les trends à leurs manières. Par exemple, j'ai pu en faire une cette année, c'était très amusant et ça m'avais aidé à avoir visibilité un peu plus grande que d'habitude.

En faite, en plus d'être illustratrice, il faudrait aussi que je devienne influenceuse et agent marketing sur les réseaux. J'adore être un couteau suisse qu'on épuise !

De même pour les sujets abordés, comme vu précédemment les algorithmes aiment ce qui fait réagir comme par exemple, les sujets d'actualités sauf que personnellement (et je ne suis pas la seule), je ne me sens pas légitime d'en parler et je ne souhaite pas être associée à l'actualité que j'ai du mal à gérer au quotidien. Tandis que d'autres illustrateurs, illustratrices par contre souhaitent et veulent y être associés.

Chacun sa sensibilité, sa culture, son univers. Certains artistes c'est le sport, les bandes dessinées, la fantaisie, la politique...etc.

Néanmoins, il y a une solution qui peut aider pour garder l'amitié des algorithmes, il s'agit de recycler et republier ses contenues le temps d'en avoir des nouveaux, mais je dois avouer ne pas être fan de cette façon de faire. De temps en temps, ça ne me dérange pas de le faire, mais pas toutes les semaines. Pourtant, j'adore retomber sur le même contenu que j'ai déjà vu chez les autres artistes, je suis une femme pleine de contradiction. Je sais.

Non, si je devais être honnête, c'est surtout qu''à force de tout donner sur les réseaux sociaux pour gagner en visibilité, je commençais à me fatiguer mentalement et je ne prenais plus aucun plaisir à partager mon travail. Il y a même certaines vidéos ou posts que je regrette, car je les avais créé dans la précipitation et juste pour être régulière..., beaucoup de fois je ne me suis pas sentie fière de ce que je publiais. Ce qui n'est pas le but. J'ai voulu commencer à vendre pour le plaisir de partager mes créations et les proposer sous différentes formes, mais aussi pour apprendre des nouvelles choses (comptabilité, trouver des fournisseurs, l'impression...etc). Dès le début, je savais que ce métier ne serait pas à temps plein, car je veux trouver un travail à côté pour une stabilité financière, alors j'ai décidé d'arrêter de jouer le jeu des réseaux sociaux. Même si les utiliser pourraient m'apporter du réseau, de potentiels clients ou partenariat.

Maintenant, je poste quand j'ai des nouveautés à montrer ou à dire. C'est vrai, j'ai certes perdu en visibilité, mais j'ai gagné en sérénité.

En conclusion

Qu'on soit un professionnel ou non, on utilise souvent les réseaux sociaux pour s'amuser, partager, passer le temps, prendre des nouvelles. Cependant, si on les utilise non pas comme un divertissement, mais pour développer son réseau et/ou son entreprise, on réalise très vite qu'il s'agit d'une jungle dense et immense où il est difficile d'atteindre la cime des arbres pour être vu.

Soit on joue le jeu des réseaux sociaux au risque de potentiellement passer plus de temps dessus que sur son art.…soit on se laisse porter par le courant pour profiter plus de son art. Sans pression et sans précipitation.

Merci d'avoir lu jusqu'ici, n'hésitez pas à partager et prenez soin de vous c'est le plus important. 

-PauKie 

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